<![CDATA[
|
Ile de Pâques : Rapa Nui
Hanga Roa, Chile |
Hanga Roa, Chile
Nous sommes intimidés. Il nous regarde, la bouche fermée, les narrines grandes ouvertes et le ventre gonflé. Nous sommes petits devant sa dizaine de mètres de hauteur. C’est un moaï, une statue qui s’élève sur une plateforme de pierre funéraire. On en dénombre un millier sur l’Île. Ils représentent des chefs pascuans. Leurs cendres reposent sous la pierre. Dos à la mer, le regard des moaï pointe vers d’anciens villages qu’ils surveillaient jours et nuits.
L’Ile de Pâques, ou Rapa Nui, est l’une des îles habitées les plus isolées au monde. Nous sommes à 3750 kilomètres du Chili, qui la possède. C’est ici que vit Lili, une Française d’origine, mariée à un Pascuan depuis près de 30 ans. C’est notre hôte, mais aussi notre guide certifiée de l’Unesco. Elle est également reconnue comme la meilleure guide de l’Île par les Pascuans eux-mêmes. Pour une ‘étrangère’, ce n’est pas peu dire…..Elle nous a plongé dans un monde, son monde adoptif, à la fois mystérieux, historique et méconnu.
Selon elle, il y a 5 sites impératifs à visiter sur l’Île.
1) Orongo, ancienne pointe sur la crète d’un volcan éteint. Là où s’est tenue une compétition du style Olympiques entre les tribus de Rapa Nui. L’athlète qui réussissait à rapporter l’œuf d’un oiseau frégate caché dans un nid de la falaise donnait à sa tribue le droit de régner sur l’Ile pendant 12 mois. Les tribues perdantes devaient s’enfuir en courant, car une dizaine de ‘perdants’ étaient capturés pour être mangés durant le ‘festin du champion’. Ainsi, l’âme des perdants mangés étaient distribués entre plusieurs mortels et ne trouvaient plus le chemin pour monter au ciel. À Orongo, nous pouvons encore voir les maisons de pierre style grotte où dormaient les hommes durant la compétion. Ils devaient y entrer en rampant.
2)Rano Raraku, deuxième volcan éteint et lieu de naissance des moaï. Les sculpteurs étaient payés en nourriture par le chef. Lorsqu’il n’y avait plus de nourriture…ils étaient au chômage jusqu’à la prochaine récolte. Les statues étaient scultées à même la montagne, dans le tuff, en commançant par le visage. Puis, les artistes dégageaient le corps. Plusieurs statues se brisaient durant la construction. D’autres œuvres, terminées, étaient enterrées jusqu’au coup, pour les protéger des intempéries jusqu’à la mort du chef. Beaucoup n’ont jamais été déterrées. C’est que le peuple a fini pas se révolter contre ce culte de la mort, ce culte qui veut que les chefs vous surveillent pour l’éternité.
Le travail de sculpture et de déplacement des moaïs sur des dizaines de kilomètres était long, difficile et dangereux. Plusieurs ouvriers ont été gravement blessés ou sont morts en tentant de déplacer ses mastodontes sur des kilomètres. Ils ont tout de même attendu quelques 600 ans avant de se révolter!
3) Ahu Tongariki: une plateforme de 15 statues. 15 autres seraient enfouies dans le sol. Le site a été détruit par un tsunami puis restoré grâce aux à des entrepreneurs japonais. Ils ont donné une de leur grue et embauché des Pascuans pour se faire un coup de publicité. Leur slogan : nos grues redressent même l’histoire! Le Chili, déçu de ne pas avoir été impliqué dans le coup, a imposé aux Japonais une taxe sur leur don de grue. Les Japonais, insultés, ont décidé de ne pas terminer leur travail. Ils n’ont posé qu’un seul des 15 chignons (bloc de pierre rouge qui représente la chevelure des chefs décédés) sur les statues. N’empêche, la reconstruction est magnifiquement réussi. Le site est grandiose.
4) Anakena : la seule vrai plage de l’Île avec plusieurs dizaines de mètres de sable fin à l’ombre de cocotiers…et de moaï. Malheureusement, la seule journée de pluie de notre séjour fût celle de notre visite au site…mais la pluie était chaude et cela ne nous a pas empêché de nous baigner. Nous avons même réussi à voir quelques petits poissons!
5) Tahai : à 20 minutes à pied de notre chalet. Près d’une caverne à deux trous dans une falaise. Nous l’avons visité avec nos lampes de poche. Un hit pour les enfants. Non loin, il y avait aussi des fondations d’une ancienne case bâteau, des poulaillers et des jardins semés sous une épaisse couche de pierre volcanique encore utilisés par les résidents. Ces pierres servent d’irrigation et de protection conte l’air salin et les rats qui ne peuvent atteindre les racines des jeunes pousses. Bien pensé!
Nous nous sentons choyés d’avoir visité ce petit paradis avant qu’il ne devienne trop touristique. C’est un grand musée à ciel ouvert qui a le potentiel du Machu Picchu. Le nombre de visiteurs à Rapa Nui a triplé dans les 4 dernières années. À partir de janvier, un nouveau vol fera le trajet de Lima à l’Île de Pâques, amenant ainsi plus d’États-Uniens et d’Européens. Les moaï et leur histoire sont à la mode. Espérons que dans leur ombre, les Pascuans réussiront à maintenir leur culture en vie.
Prochain récit : Noël à l’Île de Pâques!
]]>
