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Phnom Penh: le mal et le bien
Phnom Penh, Cambodia |
Phnom Penh, Cambodia
Comment s’instruire sur le génocide sans faire de cauchemars? Et que dire et montrer ou ne pas dire et ne pas montrer aux enfants? Pour Émilie, pas de soucis, a 15 ans il est important de prendre conscience des horreurs historiques pour éviter qu’elles ne se répètent. Xavier, lui, peut comprendre certaines choses, mais a-t-il besoin de tout voir tout de suite? Nous avons décidé que non. Nous avons visité les deux sites importants, mais nous nous sommes relayés pour distraire Xavier à l’extérieur des salles où se trouvaient les ‘expositions’ jugées trop difficiles…Bref Xavier n’a pas vu grand chose du Musée du génocide.
Le Musée du génocide ou S-21
Les Khmers rouges ont converti un lycée français en centre de torture et de tuerie. Ils ont commencé par y emprisonner les intellectuels, les étrangers et les artistes, puis finalement ils y ont emprisonné tous ceux qui les dérangeaient. Comme les nazis, ils ont répertoriés, photos à l’appui, leurs gestes haineux et diaboliques. Dans les salles, on y voit encore les outils de torture et les photos de gens ensanglantés, dont le sang tache toujours le plancher et les murs. Les Khmers électrocutaient leurs prisonniers, les faisaient pendre par les pieds et les remuaient tête en bas jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance, pour ensuite leurs plonger la tête dans un bac d’eau puante et leurs faire reprendre conscience. Et nous décrivons là qu’une infime partie des mauvais traitements…Les familles étaient séparées et personne, PERSONNE, n’échappait à la torture. Sur les photos en noir et blanc, on peut voir des femmes avec leur bébé. Nous vous épargnons le reste des détails. C’est vraiment un musée très difficile à supporter.
Lorsque les Vietnamiens ont libéré Phnom Penh en 1978, ils y trouvé 14 cadavres (maintenant enterrés sur le site) et 7 survivants. Parmi eux, un artiste, qui dévoue maintenant sa vie à peindre les scènes d’horreur dont il a été témoin et victime.
Choeung Ek, le champs d’extermination
À 15 kilomètres du centre-ville de la capitale, dix-sept mille détenus de la S-21 ont été emmenés, yeux bandés, à leur dernier ‘repos’. Le champs d’extermination est maintenant un site qui se prête au recueillement. Beaucoup plus facile émotionnellement à visiter que le Musée du Génocide. Entre des fausses communes à moitié vidée, une tour en verre expose huit mille crânes triés (hommes, femmes et enfants) et des vêtements de prisonniers désinfectés. À l’entrée, nous pouvons acheté des fleurs et de l’encens pour rendre hommage aux disparus. À la gauche du monument, deux arbres témoignent du passé honteux des lieux: l’un était utilisé pour battre les jeunes à mort, l’autre pour tenir des haut-parleurs qui jouaient de la musique pour étouffer le mitraillage des prisonniers….
Nous avons visité le petit musée qui donne l’historique du régime des khmers rouges, une biographie de ses dirigeants importants et le procès de l’ancien directeur de la prison. Beaucoup n’ont jamais eu à répondre de leurs actes!
Les khmers rouges ont liquidé des millions de personnes et détruits plusieurs générations. Dans les rues de Phnom Penh, nous croisons des gens très riches, et beaucoup de gens très pauvres. Beaucoup de mutilées et d’amputés, de petits enfants qui marchent sales bien nus et des mamans handicapées. Beaucoup de gens en détressent, pour qui un dollar américain représente souvent le salaire d’une journée. Les chauffeurs de tuk-tuk peuvent parfois être agressifs (mais jamais physiquement agressants) lorsqu’ils ciblent des clients potentiels. Et un peu..comment dire…peut-être un peu désespérés aussi. Il n’est pas rare de se faire aborder par un chauffeur ‘tuk-tuk madame?’ alors que nous sommes en train de sortir d’un autre tuk-tuk…non merci monsieur, nous sommes arrivés à destination.
Beaucoup d’adultes utilisent des enfants pour quêter ou vendre tout de sorte de choses aux étrangers. Des notes dans nos chambres d’hôtels nous encouragent à ne pas donner à ces enfants. Mais ce n’est pas toujours facile de refuser. Nous avons aussi été témoins de beaucoup de violence entre parents et enfants et par ricochet, entre frères et sœurs. Ces parents ont connu Pol Pot et la guerre civile, ils ont poussé tout croches dans la violence. Il y a aussi plusieurs générations de Cambodgiens non scolarisés, qui ne savent pas lire ne serait-ce que les chiffres pour trouver leur siège dans les autobus ou de réussir de simples résolutions de problèmes, parce qu’ils n’ont jamais fréquenté l’école (on n’apprend pas que de la théorie à l’école!).
Pour un sourire d’enfants
Un couple de Français en voyage au Cambodge travaille fort pour donner un peu d’espoir à des enfants de la rue. En voyage dans le pays il y a 15 ans, ils ont eu le cœur brisé de voir des jeunes marché pieds nus dans le dépotoir de Phnom Penh à la recherche de nourriture. Ils ont commencé par les nourrir de riz à côté de la décharge. Ils se sont rendus compte que pour vraiment les aider, il fallait aussi les scolariser et leur donner un métier. Ils se sont associés à un organisme, sont partis à la recherche de commanditaires européens et ont ouvert une école primaire, une école secondaire, des écoles de métiers, une garderie et un petit centre pour aider les enfants handicapés. Pour un sourire d’enfants à Phnom Penh est né.
L’organisme distribue aussi plusieurs dizaines de kilos de riz par jour aux familles des enfants qu’ils scolarisent en guise de dédommagement: les enfants qui étudient ne travaillent pas. Pour un sourire d’enfants donne aussi une douche, deux repas et deux collations par jour à leurs élèves. Nous sommes allés les visiter. Un ancien élève nous a servi de guide. Nous avons joué avec les petits de la garderie, rient avec une classe du secondaire et manger au restaurant qui sert d’école à leurs étudiants en cuisine et en hôtellerie. Quel excellent service nous avons eu! En plus, ils pouvaient nous servir en trois langues, puisque l’école leur enseigne le khmer, le français et l’anglais.
Après avoir vu le mal, nous avons été ravis de voir le bien.
Le pays aura besoin de plusieurs décennies avant de pouvoir vraiment se reconstruire, mais ce que nous avons vu à cette école envoie le message que tout est possible.
À suivre : Alors que Lisette repart de son côté pour Siem Reap, nous mettons le cap sur Kompong Cham, visiter une plantation d’arbres à caoutchouc
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