Les châteaux du désert

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Les châteaux du désert
Azraq, Jordan

Azraq, Jordan


Boum!boum!

En roulant sur les routes du désert de l’est de la Jordanie, notre cœur fait des bonds anormaux dans notre poitrine. Nous croisons des panneaux de signalisation inhabituels : Irak 200km, Arabie saoudite, 50km, châteaux du désert, 75km. C’est cette dernière direction que nous empruntons!

Les châteaux du désert ont été en grande partie construits par les Omeyyades.

Les Omeyyades étaient une dynastie de califes qui ont régné sur ce qui était le plus grand territoire musulman de l’histoire, de l’an 650 à l’an 750. Damascus en Syrie était leur capitale. Les châteaux du désert avaient pour eux différentes fonctions. Nous en visiterons quatre qui comptent parmi les plus anciennes constructions d’art islamique au monde.

Premier arrêt : Qusr Al-Hallabat. Nous empruntons, à pied, un sentier de sable qui longe les ruines de vieilles citernes d’eau. Devant nous, sur une colline, une ancienne mosquée à arches nous offre un peu d’ombre. À droit, un gardien vêtu du traditionnel habit bédouin garde l’entrée du palais. Ce château a été construit sur les fondations d’une église byzantine construite en basalte noir. Des demi escaliers témoignent des deux étages supérieurs que comptaient le fort durant ses meilleures années. Au fond du rez-de-chaussée, un plancher en mosaïque blanc et rouge recouvre le plancher de la plus belle pièce. Le travail de restauration espagnole est de toute beauté.

Plusieurs kilomètres plus loin, dans l’oasis d’Al-Azraq, un imposant fort a déjà servi de maison à T.E. Lawrence, l’auteur du célèbre livre Seven Pillars of Wisdom, sur la révolte arabe de 1916 à 1918. Le film hollywoodien ‘Lawrence d’Arabie’ a porté son histoire au grand écran. Le fort a été presqu’entièrement détruit par un tremblement de terre en 1927. Outre le passage de T.E. Lawrence, les historiens connaissent peu de choses sur ce château. Des inscriptions en grec et en latin prouve que des hommes y auraient habité vers l’an 300. Un calife Omeyyade l’aurait utilisé comme un camp de chasse et des Ottomans comme base militaire au 16e siècle.

Notre troisième arrêt, et non le moindre, nous permet d’apprécier la beauté et la finesse des fresques de l’ancien bain thermal du Qusayr Amra. C’est le seul monument de l’époque Omeyyade au monde à avoir conservé la totalité de son décor peint. Pas surprenant qu’il soit maintenant inscrit à l’Unesco. Les œuvres sont plutôt osées pour le culte islamique. On y voit des femmes seins nus dansant au son d’un ours qui joue du banjo. Dans la salle d’audience, le portrait d’une femme qui prend un bain précède un plafond qui dépeint le portrait d’un calife entouré de six grands rois considérés ennemis. Les chambres principales sont décorées de scènes de chasse et de l’histoire en trois étapes de la construction du bain thermal. Sous le dôme, les artistes ont élaboré une carte du ciel de l’hémisphère nord, certie des signes du zodiac.. Ces artistes devaient être au sommet de leur art, tant la qualité des fresques est grande, fine et précise. Les plafonds rappellent presque! les fresques de Michelangelo dans la chapelle Sixtine du Vatican. L’architecture du bain est aussi très intéressante. Un peu plus et nous avions l’impression d’avoir fait un saut dans le temps. À l’extérieur, un puits de 25 mètres assurait l’alimentation en eau. Xavier s’est amusé à faire tourner le moulin. Vérification faîte, le puits est maintenant vide. Le bain est la seule construction restante d’un énorme château, dont les vestiges sont encore enfouis sous terre. Un véritable trésor caché du désert.

C’est gonflé à bloc par cette visite que nous arrivons au dernier château de notre trajet. Le Qasr Kharana. Très bien restauré, nous avons beaucoup de plaisir à nous perdre dans son labyrinthe de deux étages. Encore une fois, les historiens ne s’entendent pas sur son utilité. L’absence de puits à proximité permet de croire qu’il aurait servi de maison temporaire, de lieu de rencontre entre l’élite Omeyyade et les bédouins.

Les bédouins sont toujours bien présents dans le désert de l’est. Sur le chemin du retour, des panneaux routiers affichent ‘attention aux traverses de chameaux’. Notre cœur se remet à faire des bonds…

Boum, boum, boum


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