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Petra : la cité rose
Wadi Musa, Jordan |
Wadi Musa, Jordan
Nous marchons en silence dans le Siq, un canyon creusé par le frottement de plaques tectoniques. L’entrée magique vers les ruines de Petra.
Après un kilomètre de marche, le coup d’œil est grandiose. Au bout de la faille, la populaire porte du Trésor nous accueille. Il s’agit de la première ruine visible et la plus belle de toutes les sculptures nabatéennes.
Les Nabatéens étaient un peuple de nomades venu probablement d’Arabie saoudite. Ils ont sculpté dans la pierre cette cité vieille de 2800 ans. Petra servait de lieu de rencontre aux marchands des caravanes de chameaux venus de partout dans le monde. Ils y échangeaient de l’encens, de la mire, des épices, des tissus, bref, toutes ces spécialités qui font encore la renommée des pays européens, asiatiques et africains. Les Nabatéens ont abandonné la ville suite à des tremblements de terre répétitifs et le changement de route des caravanes.
Aujourd’hui, nous sommes assis à un petit café bédouin improvisé, à observer durant une heure cette porte du Trésor. Une œuvre parfaite. Comment ont-ils fait pour façonner des colonnes cylindriques si symétriques? Des frises en hauteur détaillées, des statues opposées identiques et une urne centrale proportionelle à tout ce qui précède? Lorsque nous regardons les rochers voisins, imparfaits dans leur forme, nous nous demandons ce qui a pu poussé les Nabatéens à les travailler pendants des décennies. À notre plus grand bonheur. Lorsque cette porte du Trésor a été redécouverte, une seule colonne était détruite. Tout le reste, à l’abri du vent et de la pluie, a magnifiquement résisté aux années.
La porte du Trésor n’est qu’une des huit cents autres œuvres répertoriées sur le site. En enfonçant dans la ville, nous pouvons apprécier les tombeaux royaux sur un corridor d’environ un kilomètre. Il y a aussi l’avenue des colonnades, un ancien château, des temples et de vieilles églises éparpillées un peu partout. Nous avons pu escalader des sentiers qui nous ont permis d’avoir de beaux points de vue. Celui qui mène au rocher du sacrifice offre une vue d’ensemble sur Petra. Un autre, caché derrière les tombeaux, donne un point de vue en plongée sur le théâtre et la porte du Trésor. Des œuvres qui reflètent les rencontres internationales des Nabatéens, qui se sont inspirés des Grecs, des Romains et des Égyptiens pour développer leur propre style.
Le plus grand de tous les monuments se trouvent au haut d’un escalier de quelques 900 marches. Le monastère. Qui comptait autrefois une énorme galerie devant sa porte d’entrée. Six kilomètres plus loin, un autre site, Petite Petra, compte lui aussi quelques temples, un Siq et des dessins de vignes, de fleurs et d’oiseaux, signes que les Nabatéens n’excellaient pas que dans la pierre.
Pour nos visites, nous avons acheté la passe de trois jours à 80$ canadiens chacune, qui nous a donné une journée gratuite. Une excellente passe rapport-qualité prix. À l’opposé, la passe d’une journée, sans nuitée dans un hôtel des environs, coûte 135$, alors que celles d’une journée et de deux journées avec nuitées valent 72 et 78 dollars respectivement. Vaut mieux profiter des quatre jours lorsque c’est possible. Nous avons conclu que le moment parfait pour visiter Petra est à partir de 14 :30. Alors que les rayons du soleil perdent graduellement de l’intensité. Alors que le site, déjà peu rempli (en raison des conflits arabes qui n’ont rien à voir avec la Jordanie) se vide de ses touristes. Alors que les bédouins reprennent ‘leur terrain’. Même si quelques résistants habitent toujours les cavernes de Petra, la plupart ont été relocalisés dans un village des environs. Mais beaucoup profitent du coucher du soleil pour admirer les ruines, bavarder entre-eux à l’ombre des pierres, chanter au sommet des collines et même…sauter de tours en tours du haut du monastère. Un jeune bédouin, que l’on croit un peu cinglé, s’est même assis sur le sommet de l’urne, à 45 mètres de hauteur. Il y est resté un bon dix minutes à rire et à crier.
Sylvain a même eu le temps de prendre une photo!
Comme il n’y a pas vraiment d’heure de fermeture à Petra, nous sommes restés deux soirs consécutifs jusqu’à la tombée de la nuit. Vers 20 :00, des locaux allumaient des chandelles dans le Siq pour les touristiques qui participaient au Petra by night. Pendant que les touristes faisaient leur entrée à prix élevé, nous, comme des perdus, profitions de l’ambiance gratuite en faisant le chemin inverse pour retourner à l’hôtel!
La dernière soirée a été très spéciale pour nous. Xavier a terminé son année scolaire en faisant une présentation filmée pour son cours de français, devant la porte du Trésor. Comme il était tard, nous ne nous attendions pas à de la visite. Mais un groupe d’Indonésiens a fait son entrée. La trentaine de touristes s’est massée derrière la caméra pour écouter la présentation de Xavier. Notre petit bonhomme, gêné et stressé d’avoir tant d’attention, a réussi son travail comme un pro, à la deuxième reprise, sous les applaudissements, les flashs de caméras et même, les bises des Indonésiens! Nous étions tous bien fiers de lui.
Maman et papa étaient aussi un peu tristes. Tristes que cette belle aventure d’école en voyage pour Xavier soit déjà terminée. Ce fût un honneur pour Marie-Claude et Sylvain d’accompagner leur fils dans sa deuxième année scolaire. Nous nous sommes émerveillés devant ses progrès, nous avons imaginé plusieurs techniques pour l’aider à réaliser différents projets et nous avons tenté de rendre le tout amusant et agréable pour tout le monde. Avons-nous réussi? L’avenir nous le dira. Mais nous qui apprécions déjà beaucoup le travail des enseignants, nous en avons maintenant le plus grand respect!
Avant de reprendre la route du Siq pour une dernière fois, toute la famille Guay-Tardif s’est serrée dans les bras en jetant un coup d’œil mouillé à cette porte du Trésor qui nous a fait tant rêver.
Une seule pensée nous a alors tous traversé l’esprit :
Quel beau voyage nous faisons.
Suite de ce voyage : une nuit dans le désert du Wa
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